Allons nous prendre, ou bien allons nous recevoir, ces heures de temps libres ?
Accoudé-e-s au transat, envoûté-e-s par la danse incessante des butineuses, on y pense.
Dans l’enfance, c’était le périple, les sacs à boucler, le stress parental, le chargement de la voiture, les bouchons, les erreurs de trajectoire, et les kilomètres défilent, au gré du regard de nos pairs estivaliers.
Aujourd’hui, la donne a changé.
Covid, prix des carburants, conscience des coûts énergétiques, cohérence, observations des ressources locales et des découvertes à portée de région.
Alors, si on s’affranchissait et s’accompagnait sur ce droit à se questionner : qui dicte cette course inconsciente à une villégiature lointaine et intensive ?
Indice caché dans notre vocabulaire : un des antonymes d’exotique est « naturel ».
Les néo-vacancier-e-s, ou le “staycation” aux Etats-Unis, bien-nommé-e-s pour s’être ainsi libéré-e-s du poids du laïus de la rentrée : ces quelques minutes de vocalises à la machine à café pour justifier que, oui, c’était génial, mais que, c’est vrai, on s’est pas trop reposé, et puis, au final, il va falloir faire l’impasse sur quelques dépenses ces prochains mois, et..
Pour l’un-e de ces explorateur/rice-s de la vacance, une des façons d’honorer ce moment, sera un savant tissage de toutes ces envies suspendues par le manque de temps du reste de l’année : ramasser quelques ronces et s’essayer à la vannerie sauvage, lire en terrasse un de ces bouquins empruntés depuis si longtemps, expérimenter cette recette avec ces ingrédients méconnus, recoudre cette tenue, allez cueillir des mûres et préparer des confitures-cadeaux, enfin jouer à ce jeu de société, aller goûter ce petit restaurant…
Pour l’autre, ce sera prendre sa tente et aller dormir à 10km, à côté de cette rivière voisine, se baigner, partir se balader sans heure retour, atterrir sur un marché d’artisans locaux d’une commune limitrophe à la sienne. Avoir le temps de s’arrêter et rencontrer des gens passionnants et passionnés qui sont… juste à côté ! Juste observer ses enfants jouant dans l’herbe…
Taper quelques balles dans ce fronton ou passer quelques heures dans le spa de ce camping et y rencontrer des touristes, vous regardant avec envie, “vous vivez ici vous… !”
Il y a les foyers qui jouent au « temps particulier ». Cela consiste à suivre la proposition, en confiance, d’un des membres et jouer le jeu de dire « oui ! » sans retenue, et se laisser emmener. Accompagner l’autre dans quelque chose qui nous sort d’un apparent confort et qu’il ou elle a plaisir à vivre à nos côtés, sur quelques heures ou plus !
Oui pour aller saluer les animaux de cette ferme paysanne, oui pour faire du kayak dans les courants d’Huchet, oui pour ce tournoi de pétanque, cet atelier Artpiculture, oui pour…
Le vide n’est pas le rien.
Le vide est un espace disponible à la manifestation de la vie par l’instant plus que présent !
Et si l’on s’autorisait l’état d’esprit du voyage dans nos territoires, l’expression de nos valeurs les plus précieuses, même sur ces temps vacants, de lever la têtes dans les rues dont on connait les trottoirs, de s’enquérir et se laisser l’occasion de s’émerveiller des pépites cachées tout autour de nous… ?
Attention, cette pratique pourrait nourrir en vous un sacré élan de liberté qui s’émancipe de la géographie et vous permettrait de glisser sur un sentiment de vacances qui pourrait bien s’inviter… toute l’année… 😉