En janvier, sont entrés en vigueur les arbitrages nationaux de la PAC, la Politique Agricole Commune à l’échelle européenne, pour la période 2023-2027.
Au même moment, réunies en collectif, des associations de consommateurs, de défense de l’environnement et de la santé, d’agriculteurs et d’entreprises biologiques, ont saisi le Conseil d’État pour attaquer le label HVE (Haute Valeur Environnementale).
La PAC est omniprésente dans nos quotidiens, car elle définit par le biais des applications de l’État français, le modèle agricole soutenu par les politiques publiques durant plusieurs années.
Elle représente environ 40 % du budget européen.
C’est ici que le label HVE, qui bourgeonne sur les produits alimentaires, entre en piste et devient pour certains et certaines une dangereuse opération de greenwashing.
Né en 2007, ce projet de label était alors soutenu par les représentants d’une agriculture plus soutenable car il permettait de créer une troisième voie de transition entre le conventionnel et le bio.
Malheureusement, entre-temps, il a été vidé de sa substance, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) avait en effet expliqué en 2021 aux ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique que « les seuils retenus ne permettent pas de sélectionner des exploitations particulièrement vertueuses ».
La PAC de 2023, en plus de fragiliser l’agriculture biologique à travers des baisses d’aides publiques, encourage le label HVE et occasionne une grande confusion chez le consommateur.
En prenant ce parti, la politique publique se positionne également à l’encontre des professionnels.
En effet, il a été démontré que, comme nous tous, les agriculteurs et agricultrices souffrent d’une importante dissonance cognitive.
Nous sommes de plus en plus au fait des enjeux environnementaux, et en même temps, plus nos pratiques sont ancrées, plus cela peut être coûteux de les remettre en cause individuellement.
Quand la dissonance s’invite dans nos pensées, un cheminement physiologique cognitif hérité de notre passé se déclenche, et plus il est inconscient plus il échappe à notre volonté.
Il y a deux voies pour réduire cette sensation de culpabilité pour notre cerveau.
Soit nous allons rationaliser, typiquement : « Je sais que fumer tue, je fume, mais de toute façon il faut bien mourir de quelque chose ». Cette voie est assimilée à une forme de sidération, de paralysie comportementale.
Soit nous allons réduire l’inconfort par une évolution de comportement « Je sais que fumer tue, je substitue ce comportement à un autre et la disparition de ma dissonance constitue une gratification».
Quelle application avec le modèle agricole ?
Il est légitime d’exiger une alimentation savoureuse, nutritive et respectueuse du vivant, nous y compris. Tant que nous ne pourrons pas compter sur des politiques publiques pour y contribuer entièrement, nous pouvons tous faire le choix de jouer un rôle. Celui de faire évoluer nos propres pratiques et d’accompagner les difficultés de notre entourage à réduire leur propre dissonance avec discernement et sans culpabilisation : parler des contradictions de ce label HVE et de la PAC pour rendre ces sujets compréhensibles, encourager les professionnels en difficulté à évoluer, et soutenir ardemment celles et ceux qui ont d’ores et déjà fait le choix de cette évolution.
Alors, solidaires dans nos dissonances, PAC ou pas PAC ? 😉
Aller + loin : La transition des agriculteurs conventionnels vers le bio : une dynamique cognitive et émotionnelle
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